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 Rapport

ADMINISTRATION GÉNÉRALE ET TERRITORIALE DE L’ÉTAT
Par M. Pierre-Yves COLLOMBAT, 
Sénateur du var.

Avis présenté au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage
universel, du Règlement et d’administration générale (1) sur le projet de loi de
finances pour 2015, ADOPTÉ PAR L’ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME I

 Rapport de M. Pierre-Yves COLLOMBAT, portant réforme de la comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité.


  

 RÉFLEXIONS

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 Interventions en 2009
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LES FAUX- SEMBLANTS DE LA REFORME DE LA TAXE PROFESSIONNELLE.
Intervention au Sénat le 19 novembre 09
Discussion générale PLF Recettes des collectivités locales et réforme de la TP.

 
Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le ministre, mes chers collègues, comme tout ou presque a déjà été dit, à cette heure tardive, je m'en tiendrai à l'essentiel à partir de trois questions, certes liées, mais distinctes.
D'abord, faut-il modifier les bases de l'impôt économique territorial ? Ensuite, faut-il réduire et, à la limite, supprimer cet impôt ? Enfin, faut-il redistribuer les impôts locaux entre collectivités ?
 
Je crois que le consensus était possible sur le premier point. La durée de vie d'une taxe professionnelle reposant sur deux pieds de longueur très inégale, la valeur locative des immobilisations et les investissements, ainsi que sur une béquille de dotation d'État représentant près du tiers du produit, ne pouvait qu'être limitée.
Le rapport Fouquet avait fourni les grandes lignes de la réforme, avec un impôt assis sur une double assiette, le foncier bâti et la valeur ajoutée, sans liaison des taux. À cet égard, le projet du Gouvernement reprend une partie des préconisations du rapport Fouquet. S'il s'en était tenu là, nous n'aurions plus à débattre, me semble-t-il, que de détails, même s'ils sont importants.
 
Malheureusement, l'objectif du Gouvernement était non pas de réformer la taxe professionnelle, mais de la supprimer, conformément à la promesse électorale du candidat Nicolas Sarkozy.
La suppression pure et simple posant quelques problèmes budgétaires, on a dû se contenter de la réduire de 9 milliards d'euros. Compte tenu de l'augmentation prévisible de l'impôt sur les sociétés et de la création de l'imposition forfaitaire sur les entreprises de réseau, l'IFER, cela représente une ristourne de 4 milliards à 4,5 milliards d'euros pour les entreprises.
 
Selon la version pour enfants qui nous est habituellement servie, cette démarche aurait pour objet de doper la compétitivité de nos entreprises. Évidemment, personne n'y croit, pas même les chefs d'entreprises, sauf lorsqu'ils s'expriment dans leurs meetings syndicaux ou à la tribune du Sénat.
Mais il est impossible d'échapper au moulin à prières tournant pour la disparition de l'impôt « stupide ». Nous en avons encore eu quelques démonstrations tout à l'heure.
Pourtant, nous savons tous – cela a d'ailleurs été rappelé par un récent rapport du Conseil des prélèvements obligatoires – que le taux de taxe professionnelle arrive en queue de liste des critères déterminant les décisions d'implantation des chefs d'entreprises. En outre, la baisse de la taxe professionnelle n'affectera que marginalement les entreprises les plus soumises à la concurrence internationale.
En 2008, seulement 95 500 entreprises françaises, soit 3,2 % des entreprises qui paient la taxe professionnelle, ont été exportatrices. Les exportations ont représenté 410 milliards d'euros, soit presque cent fois plus que la baisse de taxe professionnelle dont bénéficieront la totalité des entreprises ! En d'autres termes, vous réduisez la contribution économique de toutes les entreprises pour améliorer, à la marge, la compétitivité de 3,2 % d'entre elles. Avouez qu'il y a tout de même de quoi douter de la pertinence de la méthode !
L'observation de l'évolution de l'indice des prix industriels en sortie d'usine à l'exportation ne montre pas non plus de sensibilité particulière de ces prix aux baisses de taxe professionnelle, qu'il s'agisse de la suppression progressive de la part salariale décidée entre 1999 à 2002 ou du plafonnement à 3,5 % de la valeur ajoutée mis en place à partir de 2007 ; je tiens les graphiques à votre disposition.
Selon l'étude d'impact annexée au projet, « la réforme cible les secteurs économiquement exposés à la concurrence économique internationale : la minoration de 15 % des valeurs locatives foncières des établissements industriels bénéficie par nature au secteur industriel, tandis que le passage d'une assiette constituée des EBM à une assiette valeur ajoutée est favorable à l'investissement ; à l'inverse, la proposition de maintien de l'assiette des bénéfices non commerciaux, qui ne sont pas soumis à la concurrence internationale, procède de la même volonté de cibler les effets de la réforme sur les secteurs exposés ». C'est du pur verbiage !
Toujours selon le Conseil des prélèvements obligatoires, la valeur ajoutée « particulièrement élevée dans le secteur industriel, qui est le plus affecté par la concurrence internationale […], ne permettrait pas d'alléger les coûts de production ».
D'ailleurs, à la lecture du tableau de l'étude d'impact, il est assez amusant de constater que, malgré la minoration des bases, la baisse de l'impôt économique bénéficie essentiellement non pas au secteur industriel, mais à la construction, à l'agriculture, aux services aux particuliers, c'est-à-dire à des secteurs qui ne sont pas spécialement exposés à la concurrence internationale ! En outre, on se demande bien ce que les bénéfices non commerciaux viennent faire là-dedans…
 
La « compétitivité internationale » n'est qu'un cache-misère, invoqué pour faire payer les promesses électorales du candidat Nicolas Sarkozy par les collectivités locales.
 
On procède en diminuant le poids de l'impôt économique, comme nous l'avons vu, et en corsetant l'autonomie fiscale des collectivités par l'étatisation des taux de l'essentiel de la contribution économique, la cotisation complémentaire, par l'augmentation de la part des dotations et des impôts sous maîtrise étatique dans les recettes des collectivités, par le rétablissement de la liaison des taux entre impôts sur les ménages et contribution économique, enfin, par le transfert, à terme, sur les ménages de l'ajustement budgétaire des collectivités.
Plus encore que la recherche d'une spécialisation des impôts par collectivité – type même de la fausse bonne idée –, la complexe « plomberie » de redistribution de l'impôt local qui nous est proposée, avec ses vases d'expansion, ses siphons, sa tuyauterie et ses by-pass, trouve là son origine.
C'est parce qu'il manquait 9 milliards d'euros de taxe professionnelle et qu'il fallait ôter aux irresponsables locaux la possibilité d'augmenter la contribution économique des entreprises au développement du territoire qu'une telle redistribution alambiquée s'imposait !
 
Je salue votre ingéniosité, monsieur le rapporteur général. Mais que reste-il à discuter dès lors que vous avez accepté l'essentiel, c'est-à-dire la baisse de la contribution économique ?
 
Que reste-t-il à revoir ?
 
Le pourcentage de cotisation complémentaire affecté à chaque type de collectivité ?
Le mode de redistribution de la cotisation complémentaire, « macro » ou « micro », pour jargonner ? M. le rapporteur général nous a donné quelques pistes là-dessus.
Même ce débat, qui aurait pu être celui de la péréquation, d'ailleurs absente du projet, n'a plus de sens, faute de recettes suffisantes. Que vous le vouliez ou non, puisque les recettes font défaut, il n'y aura plus rien à répartir. L'emportera le principe selon lequel il faudra qu'après la réforme les collectivités locales aient au moins les mêmes recettes qu'avant.
Bien entendu, on nous proposera toute une collection de rustines ; nous en avons déjà eu un avant-goût.
 
Puisque l'essentiel manque, de telles questions perdent l'essentiel de leur intérêt.
 Il n'y a pas si longtemps, un sénateur de la majorité, qui se reconnaîtra, me résumait la situation par cette formule : « Ils vont réussir l'exploit de nous faire battre devant un râtelier vide ! » 
On ne saurait mieux dire, aussi j’en resterai là !



La réforme de la TP | Page 1 sur 15 | Révision consitutionnelle (L.O. A.61.1)

  

 PUBLICATIONS

La lettre du Sénateur N° 45 Octobre Novembre Décembre 2015 

LA CRISE GRECQUE ET LE THEÂTRE PARLEMENTAIRE

POURQUOI L’ACCORD DE BRUXELLES EST UNE TROMPERIE

RETOUR SUR LA LOI MACRON (7/17 avril, 4/12 mai 2015)

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