Désirs de politique
Editorial de La Lettre des Elus de la Gauche varoise n° 35
(Juillet-août’septembre 2006)
Les socialistes viennent d’adopter leur projet, socle, en principe, d’un futur programme de gouvernement
de gauche ; ils désigneront prochainement celle ou celui qui portera leurs espoirs aux élections présidentielles de 2007. Cela intéresse toute la gauche, et bien au-delà, en cette fin crépusculaire d’équipes gouvernementales qu’engloutissent lentement leurs sables fangeux.
Restera à convaincre les électeurs et en cas de succès à répondre à leurs attentes.
Cela suppose une réévaluation complète des objectifs et des principes de la politique économique menée dans ce pays depuis vingt ans, ainsi que de la politique européenne qui va avec.
Pour des hommes et des femmes de gauche, l’objectif ne saurait être que le plein emploi.
Sans plein emploi pas d’équilibre des comptes, pas d’ascenseur social, pas d’intégration ; des collectivités locales incapables de financer leurs obligations ; une République sociale en panne ; en un mot pas d’espoir pour la majorité de nos concitoyens.
Or, si le projet socialiste fait du plein emploi une priorité affichée, il ne remet pas en cause l’essentiel des politiques économiques et européennes menées jusque là. Réduire les déficits publics demeure encore d’actualité et l’objectif prioritaire à la Banque Centrale Européenne n’est toujours pas le rétablissement du plein emploi ; tout au plus est-il question de « revoir » les critères du pacte de stabilité et de croissance, de mettre en place un « véritable gouvernement économique » dont on ignore tout.
Pourtant, on ne peut plus se contenter de lutter contre les conséquences des politiques de « rigueur » en se limitant au traitement de leurs effets les plus douloureux. Accepter les principes essentiels qui animent ces politiques économiques et refuser leurs conséquences, est une absurdité que rien ne justifie.
La vulgate libérale dominante, n’est pas une science, même si elle se présente comme telle, domine les Institutions françaises et les médias. C’est d’abord une idéologie qui sert les intérêts des rentiers ; ce n’est même pas une technique capable de fournir les recettes pratiques d’une gestion optimale de l’appareil de production.
Ironie de l’Histoire, c’est là où l’écart entre le discours « libéral orthodoxe » et la pratique est le plus grand que les résultats en termes de croissance et d’emplois sont les meilleurs. Quand le discours de la « rigueur » est mis en pratique, les contre performances économiques suivent.
Qu’une politique économique différente soit parfaitement crédible et possible, c’est ce que pensent de nombreux économistes, notamment dans les pays où le débat n’est pas fermé, comme chez-nous. En témoigne le texte ci après.
Signé de 26 économistes du monde entier, il montre qu’une politique économique autre que celle menée en France depuis trente ans est non seulement théoriquement cohérente mais conforme aux faits.
Rarement la Gauche, à commencer par ses élus, n’a eu autant besoin de se retrouver sur des objectifs essentiels, pratiques et clairs. Les choix en matière de politique économique et de construction européenne sont de ceux là.
De définitions claires de politiques à effets pratiques, voilà de quoi nous avons besoin. Pas de préchi précha bien pensant sur les valeurs de gauche, le respect dû aux autres ou, selon l’état de l’opinion, la nécessaire répression de la délinquance des mineurs.
Le respect des autres, c’est d’abord celui de leur intelligence.
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